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650 000 $ pour les goélands

650 000 $ pour les goélands

Publié le 23/10/2009

On les appelle souvent mouettes ou alors on les qualifie de rats du ciel, mais ces gros oiseaux chamarrés gris et blanc disgracieux, aux cris éraillés, sont en fait des goélands à bec cerclé et leur présence désagréable s’avère aussi très onéreuse.

Comment s’en débarrasser? Personne ne le sait, mais on investira 650 000 $ pour trouver une façon d’en contrôler les inconvénients dans nos villes comme en région périurbaine.

Il s’agit en fait du Comité régional de coordination sur la gestion des goélands qui bénéficiera de cette subvention émanant d’un collectif d’environnementalistes et d’entreprises de recyclage, avec l’appui du Service de la faune d’Environnement Canada qui finance un groupe de chercheurs de l’Université du Québec à Montréal, afin d’évaluer la situation et proposer des solutions.

Oubliez tout de suite le bon vieux fusil à deux canons parce que la bestiole est migratoire et, comme tous ses congénères voyageurs du continent, le goéland est protégé par la convention internationale. En fait, il faudrait s’adresser au Sénat américain pour obtenir un droit de chasse et la démarche, si elle aboutissait, prendrait des lustres.

Le groupe de recherche de l’UQAM est d’ores et déjà engagé en marquant 1 200 de ces Larus delawarensis, autre nom pour notre videur de poubelles dont on dénombre pas moins de 80 000 couples dans les quatre îles du fleuve Saint-Laurent. L’accroissement des sites d’enfouissement attire et nourrit ce goinfre de Jonathan Livingston et les canons ne font que déplacer les voiliers, puisqu’ils s’habituent au bruit au point de revenir sur les lieux.

Sur l’île Deslauriers, dans la région de Terrebonne, on recense 50 000 couples et l’on a déjà suivi l’un d’eux – au GPS – qui s’était rendu jusqu’aux îles du Prince-Édouard en moins de quinze jours. Ils voyagent vite, se reproduisent en série et se nourrissent d’absolument tout, pour ensuite aller passer l’hiver en Virginie.

Chez nous, c’est à Sainte-Anne-des-Plaines que ces oiseaux sont plus dérangeants, dans le giron du site d’enfouissement de Sainte-Sophie dont le gestionnaire, Waste Management, est un partenaire financier du groupe de recherche.

La seule façon de les éliminer véritablement, c’est en aspergeant leurs œufs avec une huile minérale, mais attention, il faut l’autorisation d’Environnement Canada et c’est un biologiste qui sera dépêché sur les lieux pour ce faire. Ces oiseaux nidifient souvent sur les toitures plates en gravier des centres commerciaux qui doivent dépenser jusqu’à 30 $ par œuf, pour en tuer l’embryon. Or, ce sont souvent des centaines, sinon de deux à trois mille œufs que l’on retrouve dans ces situations. Faites le calcul.

Il y a aussi leurs fientes tombées du ciel qui répugnent l’honnête citoyen et leur migration aux abords des lacs contamine les eaux des multiples bactéries que trimballent ces éboueurs du ciel.

Bref, ces oiseaux sans charme causent autant de problèmes qu’ils sont nombreux et le groupe de recherche, formé d’un docteur en biologie assisté d’étudiants en maîtrise, se donne trois ans pour étudier et proposer une gestion intégrée et recommander un mode de vie commune avec la population des villes, parce que l’élimination est impossible et leur accroissement intolérable.