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Une parcelle de soleil

(Photo Hugo Vincent)

Une parcelle de soleil

Publié le 20/09/2010

C’était vraiment la fête, en ce samedi 18 septembre, au Théâtre Lionel-Groulx. Oui, la fête, alors que 12 jeunes chanteurs-danseurs-comédiens en prenaient d’assaut la scène pour recréer, plus de trois décennies plus tard, le Big Bazar inventé par Michel Fugain.

Dans la salle remplie à pleine capacité, nostalgiques, curieux et néophytes attendaient avec fébrilité le coup d’envoi des festivités, prêts à découvrir ou redécouvrir l’univers coloré de ce spectacle à grand déploiement qui a marqué notre imaginaire collectif.

C’est avec une énergie contagieuse et des sourires éclatants que la troupe envahit le plateau, leurs 20 ans et plein de chansons à donner sans compter dans une introduction festive et prometteuse. C’est l’expression d’une joie de vivre qui persistera jusqu’à la toute fin du spectacle, où les artistes se déploient dans la salle pour se mêler à une foule en liesse le temps de C’est la fête et Tout va changer, durant laquelle les cellulaires allumés remplacent les briquets pour simuler le ciel étoilé.

Entre temps, on se laisse entraîner sans se faire prier dans l’histoire de ce Petit Homme (interprété avec une belle candeur par Marc-Antoine Larche) découvrant la vie. Apprendre à se tenir debout, au sens propre comme au figuré, la difficulté de faire des choix, les aléas de l’amour et de la guerre (car Petit Homme se fera militaire), sont autant de tournants marquants que ce dernier devra emprunter pour accomplir son destin. Du berceau à l’âge adulte, il sera épaulé par les membres du Big Bazar, qui l’encourageront, le berceront, lui enseigneront la vie à grand renfort de chansons.

Parmi ces derniers, parés de costumes aux couleurs rappelant évidemment les années 1970, on se rappellera particulièrement de Jason Roy-Léveillée, qui étonne avec son aisance, son jeu et sa voix bien justes, mais aussi de Brigitte Boisjoli, qui interprète entre autres La jeunesse avec beaucoup de douceur et de sensibilité. La présence explosive et le charisme de Gardy Fury ne passent également pas inaperçus, notamment sur Là-bas dans les îles et Dans le ring, alors que Caroline Marcoux et Sophie Vaillancourt insufflent à merveille la vie à leurs poupées d’amour ou de bois.

Isabelle Giroux incarne quant à elle l’amoureuse du Petit Homme avec une émotion libre de toute mièvrerie pendant Une belle histoire (durant laquelle les danseurs Jayme Rae Dailey et Daniel Dory y vont d’un magnifique duo), tandis que Martin Giroux nous fait rigoler avec ses conseils de drague, de même qu’il nous émeut dans Comme un soleil. Safiya Renee Ricketts brille dans les joyeuses chorégraphies de Geneviève Dorion-Coupal, le tout sous l’égide d’un maître de piste incarné avec brio par Gaston Petit, et ce dans une mise en scène dynamique d’Édith Myers.

Rarement a-t-on vu un spectacle aussi rassembleur que ce Big Bazar rafraîchissant et lumineux. Probablement parce qu’il raconte simplement la vie et ses multiples coups de théâtre, mais aussi parce qu’il se fait le véhicule de l’espoir et de la beauté du monde grâce aux textes habiles et intemporels de Michel Fugain. Bravo Monsieur le monde, La fête, Fais comme l’oiseau, Chante comme si tu devais mourir demain… ils sont tous là et on les accueille avec un bonheur non dissimulé. Portés par une distribution à l’enthousiasme viral et au talent indiscutable, ceux-ci lient tous les spectateurs par l’universalité de leurs propos.