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Tire le coyote: l’odeur du bois

Benoit Pinette

Tire le coyote: l’odeur du bois

Publié le 21/12/2015

D’abord, il y a cette voix particulière qui en déroute quelques-uns, souvent haut perchée et nasillarde tout en étant pleine de nuances. Puis, il y a ces mélodies folk, qui se teintent de rock ou de country, parfois sombres et parfois lumineuses. Enfin, il y a ces textes, d’une poésie aux images percutantes.

Tout cela c’est Tire le coyote, projet musical de Benoit Pinette qui roule sa bosse depuis six ans et qui génère un engouement grandissant au Québec. Fort d’un troisième album, le coyote était de passage à Sainte-Thérèse, accueilli par un cabaret de l’église Sacré-Cœur rempli d’un public conquis d’avance.

Autour de Benoit Pinette, de sa guitare et de son harmonica, il y a le bassiste Cédric Martel, le batteur Jean-Philippe Simard, le clarinettiste Jean-Daniel Lessard et le guitariste Benoit Villeneuve, alias Shampoing.

Appuyant également le coyote par des chœurs, ils créent un univers musical riche en textures et en profondeur, un écrin de velours pour la voix singulière de celui-ci.  C’est organique, c’est chaud, ça sent la terre et le bois.

La nature se fait donc omniprésente dans les paroles de Benoit Pinette, les paysages de la belle province sont évoqués, du St-Laurent à l’Isle-aux-Coudres, en passant par Kamouraska, alors que les percussions font penser aux battements du cœur.

Il y a quelque chose d’émouvant dans toute cette authenticité, ce naturel. Les métaphores  délicates y côtoient une poésie du quotidien, des pensées inusitées, des phrases habilement tournées qui font sourire ou vous atteignent droit au cœur.

Qu’il aborde l’amour ou la mort, Benoit Pinette le fait sans épanchement ni sentimentalisme, mais avec une intensité palpable, une foi absolue dans les images évoquées par sa plume et ses notes.

Une fantaisie à la fois douce et sauvage baigne les pièces, dépeignant une fuite en moissonneuse-batteuse dans la pièce du même nom, une rencontre amoureuse au magasin dans Chanson d’amour en sol standard, le regard d’un vieux loup de mer sur sa vie dans la particulièrement poignante Rapiécer l’avenir, l’usure de l’amour dans Jésus. On le sent ému par la beauté sur Calfeutrer les failles, interpelé par les grands espaces sur À l’abri, le tout dans un métissage cohérent  de blues, de rock, de country, d’americana.

Des segments acoustiques s’intègrent également dans ce concert généreux, renforçant encore plus le sentiment d’intimité et de complicité entre le public et les artistes. Entre les chansons, le coyote et sa meute évoquent des anecdotes de tournées et des tranches de vie arrosées d’une bonne dose d’autodérision, appuyant encore plus cette impression d’accessibilité et d’authenticité qu’ils dégagent sans effort, lors de cette belle soirée à l’odeur de bois.