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L’humour hybride de Boucar Diouf

(Photo Yves Déry)

L’humour hybride de Boucar Diouf

Publié le 08/10/2010

Des sons de la nature et une douce mélodie nous accueillent alors que nous prenons place dans la grande salle du Théâtre Lionel-Groulx, remplie à pleine capacité d'un public de tous les âges. Boucar Diouf, vêtu d'un grand boubou africain, fait à ce moment son entrée en scène, salué par un tonnerre d'applaudissements dès que les projecteurs éclairent son visage.

Puis, il se déplace légèrement, révélant ainsi la présence d’une jolie brunette et de sa guitare, sa douce moitié Caroline Roy, qui l’accompagnera en musique et en chansons tout au long de cette Africassé-e.

Leur rencontre et leur réalité de couple mixte, complémentaires et en opposition, sont d’ailleurs le point de départ du spectacle, dans lequel les grands thèmes de l’identité, de la langue et de l’immigration seront abordés avec humour, sagesse et une bonne dose d’autodérision.

Quelques minutes à peine après le début de la soirée, le public est déjà conquis par le conteur et humoriste, qui se l’acoquine avec son charisme et sa présence chaleureuse. Mais aussi avec ses textes intelligents, qui font à la fois rire et réfléchir. Les perles de sagesse de son grand-père et les anecdotes au contenu typiquement québécois alternent, s’entremêlant à des interludes musicaux ou poétiques, pour une formule différente et rafraîchissante.

On s’embarque sans peine dans l’univers coloré de Boucar Diouf, orateur talentueux qui joue avec les mots pour créer des images inattendues et dire les choses autrement. Avec Boucar, on arrive à rire du racisme, à le tourner en ridicule, on rit de nous-même aussi à travers le regard de l’autre.

L’intégration à une nouvelle culture, un nouveau pays, par opposition à une assimilation totale, est décortiquée à l’aide d’exemples du vécu de Boucar Diouf, lequel a quitté son Sénégal natal pour Rimouski, puis Montréal. Le processus de québécisation de Boucar, tant au niveau de la langue que des us et coutumes bien de chez nous, est dépeint comiquement, poétiquement ou parfois de façon éditoriale. L’artiste nous aide ainsi à comprendre les multiples chocs culturels du néo-Québécois, mais aussi sa dualité, ses tiraillements entre ses deux cultures et le joyeux métissage qui en résulte parfois.

On arrive à voir sous un autre œil la réalité de ces immigrants qui ont tout quitté pour une terre éloignée et mystérieuse, mais aussi, dans le cas de Boucar Diouf, un amour indéniable pour sa patrie d’adoption, dont il se moque affectueusement des petits travers et des incongruités linguistiques comme on le ferait avec un petit frère ou une petite sœur.