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Auberge du relais de la poste, 1810, de Gérard Laurin. (Photo Claude Desjardins)

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Forge de campagne à 4 roues, 1810, de Gérard Laurin. (Photo Claude Desjardins)

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Gérard Laurin dans son atelier. (Photo Claude Desjardins)

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Photo Claude Desjardins
Hussard, 9e Régiment, Leipzig 1813, de Gérard Laurin. (Photo Claude Desjardins)

Le petit monde fascinant de Gérard Laurin

Publié le 11/06/2018

Elles reviennent ponctuellement dans les vitrines de la bibliothèque municipale, les figurines militaires de Gérard Laurin racontent un chapitre majeur de l’histoire du monde et, tout à la fois, celle d’un collectionneur passionné qui occupe résolument ses dix doigts d’artiste tout en nourrissant son insatiable intellect.

Ça fait bien une quarantaine d’années que ce retraité de la fonction publique (il œuvrait à l’étranger pour le ministère québécois des Affaires internationales) s’applique à insuffler toute la vie qu’il peut à ces figurines monochromes qui arrivent généralement en morceaux et qu’il faut d’abord assembler, avant de les peindre (à l’acrylique et à l’huile) et de les mettre en scène dans des maquettes réalisées de ses propres mains et qui ont pour objet de rendre ses personnages plus intéressants.

De Napoléon à Tintin

«Mes maquettes couvrent surtout l’époque napoléonienne, celle du Premier Empire» , nous informe M. Laurin, en débutant la visite guidée de ce micro-musée dont la collection fait quelque 500 pièces, chez lui, à Lorraine. Tout en progressant jusqu’à son atelier, on aura tôt fait de remarquer qu’il s’adonne talentueusement à la peinture (dans un éventail de styles bien maîtrisés), qu’il assemble aussi des modèles réduits de bateaux et qu’il a un penchant non dissimulé pour les personnages de Tintin (le célèbre Capitaine lui sert d’ailleurs d’avatar sur Facebook) dont il tire plusieurs dessins.

Pourquoi le Premier Empire? «D’abord parce que les costumes étaient superbes» , exprime le principal intéressé qui y voit un heureux prétexte pour partir à la découverte (par les livres ou les voyages) d’un univers qui joue sur les détails et qui appelle à la méticulosité. On joue notamment de la loupe, de l’exacto et de la pincette, dans l’atelier de Gérard Laurin qui nous apprend également que ce passe-temps qu’il cultive est davantage répandu en Europe, à cause de l’Histoire avec un grand «H» , justement. Des clubs se forment dont les membres se désignent tels des figurinistes qui partagent cet engouement commun pour les soldats de plomb ou de plastique. La chose existe bien aux États-Unis, mais on s’y consacre davantage à l’épisode relativement récent de la Guerre de Sécession.

Quand Gérard Laurin bifurque vers l’Amérique du Nord, c’est plutôt pour s’intéresser aux troupes qui ont foulé notre sol durant le Régime français, mais très vite, il revient à Napoléon. «C’est un personnage contesté, j’en conviens, mais il a fait beaucoup pour le droit civil. C’est un des grands hommes français, au même titre que Vercingétorix et Charles de Gaulle. Comme francophile, ils m’interpellent tous» , dit-il.

Le souci du détail

Voilà donc ce général devenu Empereur apparaissant dans les principaux épisodes de son règne, sans forcément les habiter tous. On y observe les soldats à la guerre, mais plus souvent qu’autrement entre les batailles, se reposant, dînant chez l’aubergiste, causant avec quelque villageoise ou forgeant de nouveaux fers pour les chevaux. Ici, le moindre détail est aussi attrayant que l’ensemble.

Tous ces univers sont recréés avec des matériaux de récupération comme le bois d’une porte d’armoire, un bout de manche à balai, du sable, du carton, des images découpées dans des revues ou des catalogues, de la pâte à modeler, du plomb de bouteille de vin, jusqu’à des pierres extraites… du sac de litière pour chat. Mais attention, tous ces matériaux apparemment sans noblesse, une fois passés entre les doigts de l’artiste, sont tout bonnement transfigurés et participent à un ensemble raffiné qui touche également le Moyen Âge, la Révolution française et la Première Guerre mondiale.

Vous aurez compris que M. Laurin est un féru d’histoire. Son passe-temps a beau cibler une période bien précise, c’est la grande histoire du monde qui l’intéresse, celle qu’on trouve dans les livres, mais aussi celle qui s’écrit au quotidien. «Tous les matins, je consulte une dizaine de journaux internationaux, y compris le site Web d’Al-Jazeera, ce qui me permet d’avoir l’autre point de vue» , de confier cet homme posé qui ne manque pas d’humour et que vous pourriez croiser un jour ou l’autre puisqu’il expose régulièrement son travail en différents lieux publics. Si la curiosité vous tenaille, vous pouvez patienter en parcourant son site Web, au [http://military-figurines.weebly.com].

 

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