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La Danse, C’est Drôle!

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La Danse, C’est Drôle!

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La Danse, C’est Drôle!

La danse, c’est drôle!

Publié le 24/10/2017

L’invitation du diffuseur Odyscène est formulée comme une question: est-il possible de rire devant un spectacle de danse? On compte bien vous en fournir la preuve, et deux fois plutôt qu’une, en accueillant les compagnies Dans son Salon et Maribé-Sors de ce corps, le jeudi 26 octobre, au Cabaret BMO Sainte-Thérèse.

L’invitation du diffuseur Odyscène est formulée comme une question: est-il possible de rire devant un spectacle de danse? On compte bien vous en fournir la preuve, et deux fois plutôt qu’une, en accueillant les compagnies Dans son Salon et Maribé-Sors de ce corps, le jeudi 26 octobre, au Cabaret BMO Sainte-Thérèse.

Et si tu n’existais pas

Tout d’abord, Karenne Gravel, qui partage la scène avec Emmalie Ruest, propose un duo intitulé Et si tu n’existais pas/variations, œuvre qui fait la part belle à l’une des chansons les plus connues du non moins célèbre Joe Dassin.

L’autodérision et une certaine fascination pour le kitsch forgent la signature chorégraphique de la compagnie Dans son Salon, qui y voit aussi une manière d’exprimer des choses plus sérieuses. «Ça amène une détente, une ouverture qui permet au spectateur d’être touché plus profondément, parfois» , pense l’artiste.

Avec Et si tu n’existais pas/variations, les deux interprètes s’offrent un plaisir coupable en explorant cette chanson qu’elles estiment bien écrite et belle comme un coucher de soleil, un sentiment partagé par plus d’un bipède, ce qui ajoute à sa puissance, selon la perception de Karenne Gravel, tant pour cette chanson que pour tout autre objet dit «populaire» . On s’amusera aussi avec la version sirupeuse du chanteur français Willy Denzey, ainsi que différentes variations proposées par Nicolas Des Alliers, un compositeur attaché à la compagnie.

Sur la scène, on retrouvera deux jeunes filles en train d’aménager un coin de sous-sol où elles s’apprêtent à présenter un numéro de danse qu’elles viennent de créer. «Ça se fait avec humour et amour. C’est une sorte d’hommage à la chanson» , poursuit Karenne Gravel, ajoutant que le comique s’y exprime de différentes façons: «On joue sur la frontière entre la danse amateur et la danse professionnelle, par exemple. L’humour passe aussi par nos personnages, issus de nos propres personnalités qui sont très différentes et amplifiées.»

Between

L’autre partie de ce spectacle appartient à la compagnie Maribé-Sors de ce corps et sa directrice Marie Béland, qui manie l’humour chorégraphique presque malgré elle depuis 14 ans, un langage qui repose sur la critique et l’autocritique. «Le médium de la danse n’ayant pas le même pouvoir d’expression que le théâtre, par exemple, intégrer l’humour n’est pas toujours évident, dit-elle. Mais le médium évolue, le public est de plus en plus averti, ce qui nous permet de développer ce genre de connivence avec les spectateurs.»

Avec Between, Marie Béland propose un exercice qui explore la musicalité de la parole abstraite, sans égards au pouvoir des mots, au sens où on l’entend, mais bien plus à leur aspect plastique. «Dans notre manière quotidienne d’utiliser notre corps, il y a déjà une certaine danse. Le mouvement vient toujours en soutien à la parole et ce mouvement-là m’intéresse. Mon travail, c’est de montrer à quel point nos corps sont dansants, sans même qu’on s’en rende compte» , poursuit la chorégraphe.

C’est ainsi que la parole devient le seul support rythmique, dans Between, alors que s’engage, entre les interprètes, une conversation qui tient davantage de la logorrhée, un discours improvisé dans lequel la chorégraphe puise sa matière première et établit son canevas, le cadre, l’espace d’expression dans lequel les danseuses évolueront. Le discours qu’elles tiennent est alors improvisé, de manière à préserver la spontanéité et la vérité de l’instant. «Il y a une partition, mais chaque soir, on ne sait jamais ce qui va se dire ou ce qui arrivera» , résume Marie Béland.

On ne parviendra pas à suivre la conversation, puisqu’elles parlent toujours, et en même temps, mais la musicalité des mots débouche, pour le spectateur, sur une expérience sensorielle impliquant tout autant le regard que l’ouïe: nos yeux, en fixant une interprète plutôt que l’autre, nous permettent de distinguer son discours.

«Il y a beaucoup de bruit, aujourd’hui, poursuit l’artiste. Nous sommes exposés à une sur-information, un sur-discours. Tout le monde a quelque chose à dire et il ne manque pas de plateformes pour le dire, tellement qu’on n’arrive plus à distinguer la valeur des informations qu’on reçoit. En étant exposés à certains discours, il y a un risque de contamination. À force de les entendre, on finit par les intégrer» , suggère-t-elle.

Et le comique, dans tout ça? Il niche dans les incongruités, dans l’absurdité du discours, dans les improbabilités. En fait, il n’est pas nécessairement prévu ni calculé, mais il arrive toujours quelque chose qui fait réagir le public et le fait rire. «Ce n’est pas un rire gras. C’est un rire de cerveau, celui qui vient de l’intelligence» , précise Marie Béland.

À vous de voir de quoi il retourne puisque la chose sera présentée au Cabaret BMO Sainte-Thérèse, le jeudi 26 octobre. Information: [http://www.odyscene.com].