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François Massicotte: valeur(s) sûre(s)

François Massicotte: valeur(s) sûre(s)

Publié le 30/01/2009

Pour son cinquième spectacle solo, Massicotte No 5, l’humoriste du même nom a choisi de tester son produit, entre autres devant le public térésien.

C’est donc dans le cadre de cette tournée de rodage qu’il était de passage à l’église Sacré-Cœur, le jeudi 22 janvier. Il y reviendra d’ailleurs les 19 et 26 février, de même que le 5 mars, afin de peaufiner son nouvel opus.

François Massicotte entre en scène avec aisance, au rythme d’une musique rock. À l’aide de quelques blagues (justifiées) sur le peu d’espace de stationnement disponible aux alentours de la salle de spectacle, Massicotte jauge habilement son public. Son monologue d’ouverture est très actuel, alors qu’il aborde, personnalise, extrapole les effets à long terme de la crise économique ou des problèmes environnementaux du moment. Misant sur l’autodérision, l’ironie et l’exagération, l’humoriste s’implique personnellement dans ses gags, procédé qui le rend accessible et qui permet à chaque spectateur de s’identifier à lui. Il dévoile d’ailleurs un épisode délicat de son histoire médicale, provoquant au départ des rires gênés, mais qui deviennent vite bien francs, surtout avec cette finale inattendue et bien pensée!

François Massicotte nous livre aussi ses réflexions sur les comportements des animaux en les comparant judicieusement au langage corporel humain, avant de décortiquer avec efficacité et humour, dans un sympathique numéro, les expressions de la langue française impliquant des animaux. Son jeu se fait tantôt plus physique, tantôt plus statique, dans la tradition du stand-up comic.

Un segment sur la télé termine la première partie du spectacle, écorchant au passage Le Banquier et Occupation Double, dans un sketch un peu obtus pour qui n’est pas familier avec les tribulations de Mathieu et Jessica. La Boutique TQS imite à merveille le ton gnangnan et les improbables produits vus dans les émissions de publicité, avec des accessoires malheureusement déficients, brisant ainsi le rythme du numéro.

La seconde moitié se fait plus mordante, et aussi plus personnelle, avec toujours autant d’ironie. L’humoriste critique le système scolaire actuel, qui laisse selon lui peu de chances aux garçons de satisfaire leur besoin de bouger dans ce numéro sur «le premier ballon dans’face», qui surprend par le gag final. L’infidélité et ses origines, l’échangisme et son protocole et la consommation d’alcool au travail n’échappent pas non plus à son œil vif, ni à ses théories pour le moins originales! François Massicotte se confie également sur son second mariage, parle beaucoup de son fils et nous révèle avec force sarcasme son allergie aux pertes de temps. Dans un hilarant cri du cœur, il s’insurge contre les files d’attente «en labyrinthe», l’ouverture difficile des pots de Tylenol ou encore la multitude de questions posées par les employés de Subway. Par opposition, c’est le bonheur qui fait l’objet du numéro final. Ce numéro mêlant humour, musique et danse semble malheureusement manquer de substance, bien que très divertissant et énergique.

En somme, François Massicotte offre un bon spectacle, solide et amusant, mais misant souvent sur des valeurs sûres parfois proches de la facilité (femmes et cartes de crédit, Italiens et blanchiment d’argent, blagues douteuses sur le terrorisme). Massicotte No 5 recèle cependant des numéros lumineux (la liste d’effets scolaires commentée, l’arrestation d’un contrevenant à la loi sur la cueillette de l’ail des bois, notamment), alliés à un excellent sens du punch, de l’autodérision et de l’amplification.