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Donnant-donnant

(Photo Yves Déry)

Donnant-donnant

Publié le 22/04/2011

Quelle façon explosive, disons-le, de couronner la Série Blues du cabaret de l’église Sacré-Cœur!

En compagnie des comparses Paul Deslauriers et Steve Strongman, réunis pour le spectacle Guitar Explosion, un public nombreux a pu se délecter de classiques du blues ainsi que de pièces originales servies par deux guitaristes des plus talentueux, mais également des plus sympathiques.

Chaudement accueilli par une foule en mode visiblement festif, le duo débute en force, impressionnant dès la première pièce par des solos virtuoses, des doigtés experts. Les «yeah!», les cris et les applaudissements fusent de partout, spontanément, saluant les renversantes performances de Deslauriers et Strongman, et ce, du premier au dernier moment du concert. Le blues dans toutes ses déclinaisons est exploré, des sonorités folk ou country succédant à d’autres résolument rock pour un vaste tour d’horizon et de rythmes, dans une ambiance chaleureuse et détendue.

Paul Deslauriers, de sa voix aux accents de liberté, se fait extraverti et expressif au moment de jouer tandis que Steve Strongman, la voix pleine comme une lune, savoure autrement sa présence sur scène, la tête souvent inclinée vers son instrument, dans sa bulle musicale. Mais lorsqu’ils s’adressent à l’auditoire, c’est toujours avec humilité et beaucoup d’humour.

Au cours de la soirée, chaque musicien a l’occasion d’apporter sa touche personnelle aux compositions de son complice, leurs guitares et leurs voix se complétant et s’harmonisant à merveille. Avec une fougue et une passion combinées à une énergie qui ne diminuera pas d’un iota, Deslauriers et Strongman étonnent et ravissent de pièce en pièce. La River de Steve Strongman semble construite comme un cours d’eau, son flot de notes aiguës et graves cascadant comme un ruisseau qui devient graduellement plus agressif jusqu’à rappeler des rapides. Pendant Going to California ou While my Guitar Gently Weeps, que Deslauriers interprète habituellement avec Dawn Tyler Watson, l’émotion gagne le public tout autrement, en douceur, alors que la guitare se fait délicate et les voix, pleines d’intensité et de retenue à la fois. Honey, avec sa guitare sensuelle et sa facture carrément blues est très appréciée du public, à l’instar de l’accrocheuse Like Crying, pièce de Fleetwood Mac. On acclame les artistes à tout bout de champ, impressionnés que nous sommes par leur dextérité et emportés par leur fougueuse interprétation. On ressent l’amitié, la complicité, leur amour sincère de la musique et de la scène.

Un troisième comparse rejoint le duo à quelques reprises, c’est le jeune prodige Justin Saladino. Avec aplomb, charisme et un doigté vertigineux, il allie sa guitare à celle de Paul Deslauriers, alors que Steve Strongman s’empare de son harmonica pour interpréter Black Cat Bone, puis plus tard The Blues got the World by the Balls lors d’une finale endiablée mettant ainsi un terme à une soirée des plus agréables. Tout comme l’intensité et la générosité des musiciens, qui sont demeurés à leur plus haut niveau tout au long du spectacle, celles du public n’a pas défailli non plus, ce dernier ne se faisant pas prier pour crier son appréciation, sa joie et sa gratitude. Donnant-donnant.