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Charles Richard-Hamelin: un temps pour écouter

Charles Richard-Hamelin vous en mettra plein l’âme et les oreilles, le dimanche 7 mai, à 15 h, à la salle Pierre-Legault, de Rosemère. Information: [www.odyscene.com]. (Photo Elizabeth Delage_courtoisie)

Charles Richard-Hamelin: un temps pour écouter

Publié le 02/05/2017

Tout juste âgé de 27 ans, Charles Richard-Hamelin est déjà considéré comme l’un des pianistes les plus importants de sa génération. Il vous en fournira la preuve dans le cadre d’un récital qu’il donnera à la salle Pierre-Legault, de Rosemère, le dimanche 7 mai, en après-midi.

Seul au piano, le jeune homme proposera un programme constitué en partie, bien sûr, de pièces de Chopin (les quatre Impromptus), un compositeur qui l’a notamment révélé à Varsovie, en 2015, quand il a remporté la médaille d’argent du Concours international de piano Frédéric Chopin. «Le dernier à avoir été publié, Fantaisies impromptues, est en fait le premier qu’il ait écrit. Dans mon cas, c’est le premier morceau de Chopin que j’ai joué, quand j’avais 13 ans», raconte le pianiste qui lancera les premières notes de ce concert en interprétant d’abord Fantaisie, de Mozart, un compositeur que Chopin estimait beaucoup, lui qui appréciait peu ses contemporains (Lizt et Schumann, pour ne pas les nommer).

 

Une découverte

Après Chopin, le pianiste nous présentera Arno Babadjanian (1921-1983), un compositeur arménien qu’il a lui-même découvert par accident en se promenant sur YouTube. «Il a écrit de la musique magnifique, inspirée de son pays natal, une musique très lyrique et très rythmée à la fois. On y retrouve des rythmes folkloriques teintés de la tradition romantique», résume-t-il.

Après la pause, ce dernier enchaînera avec la première Sonate de Schumann, un compositeur dont il décrit la personnalité comme étant à l’opposé de celle de Chopin. Et le pianiste d’y aller avec une comparaison théâtrale: «La grande différence, pour moi, c’est que Chopin nous livre un monologue plaintif et mélancolique, alors que Schumann fait intervenir plusieurs personnages, avec des passages contrastants, des changements de caractère très soudains. Quand on embarque dans cet univers, ça devient complètement irrésistible.»

À travers le temps

De ce programme, Charles Richard-Hamelin dira que le fil conducteur demeure l’évolution de la musique à travers le temps. «On parle de 200 ans, entre Mozart et Babadjanian», relève le pianiste, qui note également que les quatre compositeurs avaient chacun leur personnalité, qu’ils étaient aussi des virtuoses qui savaient faire chanter leur instrument. Au passage, il précise que, dans l’intervalle, l’instrument lui-même et les règles harmoniques ont beaucoup évolué. «Le piano du temps de Mozart était beaucoup plus petit. Il y avait moins de notes. Et malgré ça, il a écrit des choses merveilleuses. C’est là qu’on voit tout son génie», dit-il en faisant remarquer que Mozart ne se joue qu’au centre du clavier.

Le respect de l’œuvre

Quand il aborde une œuvre, outre le défi de se mesurer à la partition, Charles Richard-Hamelin se perçoit comme le véhicule qui transporte cette musique de l’époque où elle est née jusqu’à la nôtre. «Cette musique-là ne peut exister sans les interprètes, dit-il. Chacun arrive avec sa culture et son bagage. Pour ma part, j’essaie toujours de respecter les intentions du compositeur, d’intégrer la musique de manière à la livrer de la façon la plus honnête, la plus expressive possible.»

Et quand ça va bien, quand les vents sont favorables et que tous les éléments sont réunis (dans 10 % des cas, en fait), il entre dans une sorte de transe, un moment où il oublie toute la dimension intellectuelle et cérébrale de la musique pour se laisser aller dans l’émotion qu’elle lui procure. «À ce moment-là, dit-il, on sent le temps différemment. On vit vraiment la pièce». L’instrumentiste, l’instrument et l’œuvre ne font qu’un, pour dire les choses autrement.

Et ça peut se passer autant dans un concours que dans un concert régulier. «Je n’ai jamais vu la différence. Peut-être que j’étais naïf», évoque-t-il, à propos de Varsovie, un passage qui lui a ouvert les portes sur une carrière qui va plutôt rondement. «En fait, maintenant que j’ai une réputation, je ressens davantage de pression. Comme si j’avais un titre à défendre», confie-t-il.

Il le fera donc avec plaisir, le dimanche 7 mai, en conviant le public à un moment d’écoute et de méditation: «C’est rare, aujourd’hui, avec le rythme de nos vies qui s’accélère tout le temps, qu’on a l’occasion de faire ça: s’asseoir dans une salle et prendre le temps d’écouter de la musique comme il faut.»