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Alexandre Poulin: prendre congé du monde

Alexandre Poulin vous convie au Cabaret BMO Sainte-Thérèse, les 13 et 14 avril. Information: [www.odyscene.com].

Alexandre Poulin: prendre congé du monde

Publié le 10/04/2017

Sur le plus récent album d’Alexandre Poulin, on sent justement (et dans le bon sens du terme), une invitation à se distancier du monde et de la course effrénée dans laquelle il nous entraîne. Ce sont en fait, nos années folles bien à nous que l’auteur-compositeur-interprète illustre en dix chansons réunies sous le titre Les temps sauvages.

«Ces choses, je crois que d’instinct, je me les suis dites d’abord à moi-même. Les temps sauvages font référence à toutes sortes de choses, mais aussi à cette bête qu’on appelle les réseaux sociaux et qui prend toute la place dans nos horaires. Je fais partie de ces gens qui cherchent encore un temps de qualité. Ce monde va à une vitesse vertigineuse et tant qu’on ne s’en rend pas compte, on va aussi vite que lui», dit-il en entrevue téléphonique.

Des fables et une voix

Et la formule est toujours la même. Alexandre Poulin écrit ses histoires comme un fabuliste met en scène des personnages dont les péripéties nous sont rapportées d’une voix douce et feutrée, presque chuchotée. «C’est toujours plus facile de se faire entendre quand on crie», de dire cet amoureux de Nick Cave et Leonard Cohen, de tous ces artistes qui, en chantant d’une manière épurée et tout en retenue, te proposent davantage qu’ils ne t’imposent, suggère-t-il. «Ça vient aussi du fait qu’à un moment donné, j’habitais un appartement très mal isolé!, ajoute-t-il, un sourire dans la voix. En chantant plus bas, j’ai découvert autre chose.»

Cet album paru en novembre est le quatrième opus d’un artiste qui prend le temps qu’il faut pour bien faire les choses. «À mon rythme à moi, ça donne un album tous les trois ans», dit-il. De fait, une fois qu’un disque est lancé et qu’il a fini d’égrener les dates de spectacles qui s’ensuivent, il y a forcément un arrêt et un questionnement: «Est-ce que j’ai encore quelque chose à dire? Est-ce qu’il y a encore une pertinence dans mon propos?»

Une suite logique

Ce genre d’interrogation prend fin automatiquement dès qu’une nouvelle chanson apparaît et celles qui meubleront une bonne partie de son spectacle des 13 et 14 avril, au Cabaret BMO Sainte-Thérèse, apparaissent comme la suite logique de tout ce qui précède. «En même temps, je touche à de nouveaux sujets et une nouvelle façon de faire de la musique. Je me suis permis de sortir un peu de mon carcan americana», dit-il, en remplaçant, par exemple, le banjo et la mandoline par des instruments plus planants.

Et la contribution de l’arrangeur et réalisateur Guido Del Fabro (qui a planché sur les albums de Pierre Lapointe et Groenland) n’y est pas étrangère, lui qui travaille beaucoup au théâtre, notamment. Il s’agit en fait d’une coréalisation puisque Poulin lui-même et son comparse de toujours, Mathieu Perreault, participent aussi à cette étape cruciale qu’il désigne comme l’enrobage final des chansons.

En formule trio

La guitare est bien présente, mais on entend également des cordes (violon, alto, violoncelle) et des vents (hautbois, trompette, trombone, saxophone), mais aussi du piano et de la mandoline, de la basse et de la batterie… un univers qu’on arrive à reproduire (ou presque) sur scène en trio, avec Pascal Racine-Venne et Mathieu Perreault.

«Je suis entouré de deux multi-instrumentistes qui chantent. On fait pas mal de bruit, même si on est juste trois. Il y a aussi des moments où c’est davantage épuré, tout en respectant l’univers des albums. En bout de ligne, je pense que les gens ne seront pas dépaysés», de dire celui qui apprécie vraiment son métier quand il se retrouve sur une scène.

Et comme toujours, Alexandre Poulin se donne la parole abondamment et prend tout le temps qu’il faut pour présenter ses chansons, puisées dans Les temps sauvages, bien sûr, mais aussi dans tout ce qu’il a fait avant. «J’invite les gens qui ont envie de décrocher à visiter un univers qui n’est peut-être pas le leur, mais dans lequel ils pourront sans doute se reconnaître», propose l’artiste.