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Vente d’alcools québécois dans les épiceries: les producteurs locaux se réjouissent

Daniel Lalande

Vente d’alcools québécois dans les épiceries: les producteurs locaux se réjouissent

Publié le 07/12/2015

Les Basses-Laurentides regorgent de producteurs de vins, de cidres, de vins de glace, d'hydromel et de beaucoup d’autres boissons alcoolisées du terroir qui font la fierté de la région. Ces producteurs locaux se sont évidemment réjouis du dépôt par Québec, le 3 décembre dernier, d’un projet de loi visant à permettre la vente d’alcools québécois en épiceries et dépanneurs.

Parmi eux, Daniel Lalande, propriétaire du Vignoble Rivière du Chêne, bien qu’heureux d’apprendre cette nouvelle, a toutefois émis une réserve.

«C’est une bonne nouvelle dans la mesure où nous ne perdons pas nos acquis», a-t-il lancé lorsque questionné à ce sujet, faisant, entre autres, référence au programme d’aide à la commercialisation mis en place en 2013 par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), qui a permis aux vignerons du Québec d’obtenir environ 10 $ par bouteille vendue au coût de 15 $ à la Société des alcools du Québec (SAQ), plutôt que les 5,60 $ qu’ils recevaient précédemment.

«Je ne voudrais pas que cette ouverture de Québec nous enlève le montant que l’on perçoit déjà», a ajouté M. Lalande qui estime à 6 500 le nombre de caisses qu’il vend chaque année à la SAQ sur les quelque 11 000 qu’il produit.

Quant à l’augmentation de production à laquelle il devrait faire face afin d’approvisionner les épiceries québécoises, il ne s’en fait pas outre mesure, lui qui, en plus du vignoble de 16,5 hectares qu’il possède sur le chemin Rivière Nord, à Saint-Eustache, loue aussi une terre à Saint-Joseph-du-Lac, en plus de caresser divers projets d’agrandissement.

«Certains pensent que c’est de produire le plus difficile, mais c’est plutôt une fois que le bouchon est sur la bouteille que ce l’est», a insisté Daniel Lalande.

Vergers Lafrance

Le projet de loi récemment déposé à l’Assemblée nationale par le ministre des Finances, Carlos Leitao, permettrait non seulement aux producteurs d’alcools du Québec d’écouler leurs produits en épicerie, mais également, en leur octroyant un permis artisanal, de vendre, directement à leur domaine, des alcools distillés dont le taux d’alcool par volume s’élève à plus de 20 %.

Éric Lafrance, des Vergers Lafrance, à Saint-Joseph-du-Lac, qui produit notamment une eau-de-vie de pommes et une vodka dont le taux d’alcool par volume est supérieur à 40 %, s’est réjoui de l’apprendre.

«Avec ce nouveau projet de loi, a-t-il mentionné, nous serions en mesure de vendre tous nos alcools directement à notre domaine, en plus d’être autorisé à vendre à même les épiceries tout ce que l’on produit depuis 1996 qui a un taux d’alcool de plus de 7 %.»

Toutefois, comme M. Lalande, M. Lafrance émet aussi une réserve.

«À chaque fois que l’on vend à la SAQ, a-t-il expliqué, que ce soit une ou vingt caisses, tout est inspecté. Si tous les producteurs sont autorisés à vendre aux épiceries, j’ai bien peur qu’on se retrouve, comme dans les années 1970, avec des produits de moindre qualité sur les tablettes», a-t-il dit.

Pas un problème pour les épiciers

Promouvoir les marques québécoises fait partie de la mission que se sont donnés la majorité des épiciers du Québec qui allouent une place de choix aux produits «fait au Québec» dans leurs présentoirs. Il en irait de même pour les alcools québécois, s’il n’en tenait qu’à Julie Girard, du IGA Extra Famille Girard.

«Je trouve ce projet de loi très intéressant, a indiqué Mme Girard. Nous sommes fervents de tout ce qui est produits québécois. C’est certain qu’on va leur faire de la place »

En dépit du fait que tous semblent accueillir cette nouvelle à bras ouverts, les producteurs sont conscient que cette joute se joue dans l’arène politique et qu’un changement de gouvernement au pouvoir pourrait faire avorter le projet. Il faudra donc patienter avant d’ouvrir une bonne bouteille pour célébrer.