Plusieurs élus et représentants du milieu ecclésiastique (dont l’évêque Pierre Morissette, l’exarque apostolique de l’Église syriaque apostolique, Paul-Antoine Nassif, et le père Kamil Ishak, de l’Église syriaque orthodoxe) assistaient à cette cérémonie empreinte de solennité et d’émotion, alors que nous faisions connaissance avec les six membres de cette famille originaire d’Alep, là où le père, Antoun Moussa, âgé de 65 ans, se trouvait à la tête d’une importante exploitation agricole, avec l’aide de son épouse, Houda Zouki. Est-il besoin de rappeler que cette région du globe est au cœur de ce que d’aucuns considèrent comme étant la pire crise humanitaire des 50 dernières années, d’où cette mobilisation pour leur venir en aide et l’existence d’organismes comme Parrainage St-Luc.
Ils sont arrivés au début de l’été dernier, en compagnie de leurs quatre enfants, tous d’âge adulte, à commencer par l’aîné, Jihad Moussa, un économiste qui a notamment travaillé au Gabon et qui s’exprime aussi bien en français qu’en anglais. L’aînée des deux filles, Jouana Moussa, est pour sa part bachelière en littérature française et enseignante.
Le cadet de la famille, Dawod Moussa, a fait des études en comptabilité et souhaite compléter sa formation à l’université. Il s’exprime en anglais et s’est déjà mis à l’apprentissage du français, comme tous les autres membres de sa famille. C’est notamment le cas de sa sœur, Rita Moussa, diplômé universitaire en design, qui a d’ailleurs pris la parole lors de cette cérémonie.
465 000 victimes
«Nous avons atterri à Montréal le 3 juillet et tout de suite, nous avons été accueillis par les gens du Parrainage St-Luc que nous voulons remercier. Nous sommes enfin en sécurité, dans une société sans racisme, et je vois enfin un avenir pour moi et ma famille» , a-t-elle exprimé, après avoir évoqué les conditions de vie insupportables subies par la famille Moussa au cours des sept dernières années.
Comme le rappelait à juste titre Claude Vallée, au nom du Parrainage St-Luc, la Syrie se trouve au cœur d’une guerre civile qui a fait 465 000 victimes depuis sept ans. Jusqu’ici, on dénombre 6,1 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays alors que 5,6 millions de Syriens ont quitté leur pays natal en souhaitant trouver une nouvelle terre d’accueil. «Plus de 40 % de la population déplacée, exilée ou tuée, ça dépasse l’entendement» , de dire M. Vallée.
Les organismes comme Parrainage St-Luc et les parrains privés, jusqu’ici, se sont engagés à accueillir quelque 15 000 réfugiés au Québec. La capacité d’accueil ne permettant d’en recevoir que 4 500 par année, les délais comme ceux qui ont été imposés à la famille Moussa sont monnaie courante.
«Bienvenue chez vous!»
À chaque étape du processus, le moindre appui prend alors toute son importance et l’on n’a pas manqué de souligner celui manifesté dès le départ par le député fédéral de Thérèse-De Blainville, Ramez Ayoub, lui-même né à Alep (il est arrivé au Québec à l’âge de 3 ans) et particulièrement sensible au sort des réfugiés syriens.
«Chaque nouvel arrivant contribue à l’édification de notre pays. Les nouveaux arrivants sont porteurs d’un puissant désir de faire partie d’une société plus vaste, d’être acceptés et de prouver leur capacité de réussir sur le plan économique. Bienvenue chez vous. Je vous souhaite de réaliser tous vos désirs et ce à quoi vous aspirez» , a-t-il déclaré aux membres de la famille Moussa, alors que Parrainage St-Luc se préparait déjà à accueillir, dès ce week-end, les quatre membres de la famille Al Terek. En tout, l’organisme a adressé 23 demandes de parrainage impliquant 37 réfugiés syriens.
MOTS-CLÉS
Journal La Voix
Bois-des-Filion