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L’analphabétisme, toujours d’actualité

Situé à Sainte-Thérèse, la Maison des mots des Basses-Laurentides est un organisme qui offre du soutien aux personnes vivant des difficultés liées à l’alphabétisation, notamment par l’offre d’ateliers éducatifs.

L’analphabétisme, toujours d’actualité

Publié le 27/04/2022

Du 4 au 8 avril se tenait la 6e Semaine de l’alphabétisation populaire initiée par le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ). Même si des progrès ont été constatés au fil des années, l’analphabétisme demeure une problématique qui nécessite davantage de sensibilisation.

Au Québec, c’est une personne sur cinq qui est à risque de se retrouver dans une situation où elle rencontrera des difficultés considérables à lire et à écrire. Ilham Gaudreau, coordonnatrice de la Maison des mots des Basses-Laurentides, confirme que l’analphabétisme est bel et bien présent dans la MRC de Thérèse-De Blainville : « Il y a encore des personnes en 2022 qui sont très peu scolarisées, ce qui n’est pas normal dans une province et dans un pays aussi prospère ».

Basé à Sainte-Thérèse, l’organisme offre depuis 1997 différents ateliers à des personnes touchées par l’analphabétisme pour améliorer leurs capacités en matière d’écriture, de lecture et de calcul. « On œuvre auprès des personnes adultes et on fait aussi de l’accompagnement avec les participants pour n’importe quelle activité où l’écrit est présent, comme remplir un formulaire et lire une lettre », précise Mme Gaudreau.

Parmi les ateliers proposés, Centraide finance un atelier théâtre qui permet aux participants d’utiliser l’art dramatique pour présenter une problématique qu’une personne peu scolarisée est à risque de vivre au quotidien. « Ainsi, ils vont présenter une pièce de théâtre à la fin de l’année et on invite les gens à venir. Ça sensibilise les spectateurs à la cause en même temps », résume Mme Gaudreau.

Les maux liés à la pandémie

Si le quotidien d’une personne se complique avec l’analphabétisme, ce l’a été davantage depuis les débuts de la crise sanitaire. C’est notamment en ce qui concerne la quête d’informations que les analphabètes ont vécues des nouvelles problématiques. « Nous nous sommes occupés de chercher l’information dès le début pour expliquer c’est quoi le virus, jusqu’à aujourd’hui avec le vaccin et les doses de rappel. On simplifiait aussi l’information pour eux, tant au niveau local que national et international », continue Mme Gaudreau.

Cette dernière poursuit sur le phénomène d’exclusion numérique qui a pris de l’expansion avec la COVID-19 : « Tout le monde était sur un poste informatique et internet, ce qui n’est pas le cas pour nos participants et nos membres puisque la plupart vivent dans une situation de pauvreté. Alors pour ça on a vraiment dû être créatif ».

Au cours deux dernières années, l’organisme a familiarisé les participants aux plateformes numériques telles que Zoom pour ainsi maintenir leurs activités durant la pandémie. De plus, grâce au support financier, l’organisme a pu se procurer des tablettes et peut dorénavant offrir internet gratuitement aux participants. « C’était deux années assez particulières et difficiles, mais en même temps ça nous a permis de réaliser des choses qu’on ne pensait pas faire avec des participants qui sont majoritairement peu scolarisés et en situation de pauvreté », ajoute Mme Gaudreau.

Malgré les progrès, Mme Gaudreau constate l’isolement que peut vivre une personne analphabète : « Ne pas savoir lire et écrire, on se sent souvent honteux de ça. Même si ce n’est pas le cas, on pense que c’est nous le problème alors au niveau de l’estime, c’est difficile ».

De cette façon, Mme Gaudreau explique qu’ils sont peu à cogner à la porte de Maison des Mots : « La peur du jugement les bloque, alors le recrutement représente un grand défi en alphabétisation. C’est un processus qui est très long, mais souvent, quand ils s’ouvrent à quelqu’un, ils commencent à cheminer s’ils ont un bon soutien ».