logo journal nord-info
icon journal
La crise d’Oka: il y a 25 ans! L’espoir d’un renouveau pour la communauté mohawk

Le grand chef Serge Simon indique vouloir ouvrir le dialogue avec ses voisins.

La crise d’Oka: il y a 25 ans! L’espoir d’un renouveau pour la communauté mohawk

Publié le 07/08/2015

Il y a 25 ans, une crise sans précédent allait secouer le Québec, mais plus particulièrement la Municipalité d’Oka et ses résidants, ainsi que la population de la MRC de Deux-Montagnes, alors qu’un caporal de la Sûreté du Québec, Marcel Lemay, devait trouver la mort à la suite d’une intervention-choc ratée du corps policier. Celui-ci tentait alors de déloger un groupe de Mohawks qui bloquait depuis quelques semaines un chemin donnant accès à la pinède okoise.

C’était un 11 juillet 1990 et la crise d’Oka, comme on devait l’appeler par après, s’amorçait alors. La fameuse crise a pris fin à la mi-septembre suivante quand les Forces armées canadiennes ont démantelé les barricades ceinturant la zone dans laquelle une trentaine de Mohawks s’étaient réfugiés, soit 78 jours après son déclenchement. Au centre de la crise, l’agrandissement du Club de golf d’Oka sur des terres revendiquées par les Mohawks. Vingt-cinq ans plus tard, nous avons rencontré différents intervenants pour dresser un portrait de l’actuelle situation.   

Aujourd’hui, le chef Simon se dit triste des événements passés, mais indique qu’ils étaient le résultat de l’échec des négociations d’il y a 25 ans. Pour Serge Simon, il est clair que le malaise d’autrefois est encore présent. C’est pourquoi il invite ses voisins à venir rencontrer les membres de Kanesatake pour ouvrir le dialogue et amorcer les étapes vers la réconciliation.

Selon Serge Simon, il est impératif d’ouvrir le dialogue puisque la communauté autochtone peine à se développer. «Aujourd’hui, nous n’avons plus assez d’espace pour vivre, dit-il. Faire de la culture maraîchère industrielle n’est pas possible, il n’y a même pas assez d’espace pour bâtir des maisons pour les membres de la communauté»,enchaîne-t-il.

Il souhaite aujourd’hui que sa communauté s’épanouisse et sorte du cercle vicieux de la méfiance. «La crise d’Oka a été une décision collective des membres de la communauté face à l’indifférence et au racisme qui sévissaient alors dans la région», explique-t-il.

Vingt-cinq ans plus tard, il dit souhaiter que ces «mauvais sentiments» cessent de part et d’autre des barricades d’autrefois. «Je suis fatigué de garder la haine et la méfiance. À la longue, ça gruge un homme!» dit-il.

Après 25 ans, des marques restent encore présentes dans la mémoire des membres de Kanesatake. «Pas plus tard qu’il y a deux semaines, un hélicoptère est passé très bas au-dessus de la réserve. Tout de suite, les gens qui m’accompagnaient ce midi-là s’interrogeaient à savoir s’il s’agissait de l’armée canadienne», s’attriste Serge Simon.

Le constat que la langue mohawk se meurt fait également partie des observations du grand chef. «Aujourd’hui, j’évalue à 86 le nombre de personnes qui parlent encore couramment le mohawk dans notre communauté. Et ces gens sont de plus en plus âgés», se désole ce dernier.

Il reconnaît toutefois que la construction d’une nouvelle garderie à côté de l’école est un bon signe pour l’avenir: «Les enfants y apprendront la langue mohawk et je souhaite que les parents en poursuivent l’apprentissage à la maison.»

Serge Simon se dit optimiste à la suite d’une discussion entamée avec le maire d’Oka, Pascal Quevillon. Sans dévoiler les termes de leurs pourparlers, il indique que les choses suivent leur cours. «Nous devrions nous revoir bientôt. Une annonce pourrait même être faite prochainement», avance-t-il.

Finalement, le chef Simon est présentement très préoccupé par l’avenir de la région, notamment par la construction d’un oléoduc par TransCanada Pipeline. Il se prépare aujourd’hui à affronter la compagnie qui tente de faire passer le pétrole albertain dans la région. «En août, je compte aller rencontrer d’autres chefs autochtones de la Colombie-Britannique pour savoir quelles actions ont été entreprises pour arrêter le projet de leur côté», de conclure le grand chef mohawk.

LIRE AUSSI:

Une pinède à préserver pour le bénéfice des deux communautés

Ouverture et dialogue pour la suite des choses

Respect, écoute et compréhension pour un avenir meilleur

Construire des ponts et les entretenir au fil du temps