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Christian Lapointe Veut Briser Le Stéréotype Du «clown De Service»

Christian Lapointe veut briser le stéréotype du «clown de service»

Publié le 17/10/2017

À quatre pieds et cinq pouces, Christian Lapointe est considéré comme une personne de petite taille. Ce handicap – parce que c’en est un – ne l’a toutefois pas empêché de donner deux enfants à sa conjointe… qui mesure un pied de plus que lui.

Si Christian a accepté de nous rencontrer pour nous parler de sa réalité, ce n’est surtout pas pour attirer l’attention sur lui ou sur sa famille. De l’attention, il en reçoit déjà assez chaque fois qu’il sort en public. Non. S’il a choisi de nous raconter son histoire, c’est pour détruire les préjugés au sujet des nains, un mot qu’il n’affectionne pas particulièrement et que nous utiliserons donc pour une première et dernière fois.

«Je n’aime pas ce mot-là. Ça nous ramène loin en arrière. Il réfère à l’image de la petite personne qu’on voyait dans les films, dans le temps, à jouer au clown de service, au lutin ou à camper des personnages fantaisistes» , affirme Christian Lapointe.

Atteint d’achondroplasie, une maladie osseuse qui affecte la longueur de ses membres, le résidant de Deux-Montagnes admet ne pas toujours avoir eu la vie facile, mais qu’au final, il s’en est bien sorti, et ce, autant au niveau personnel que professionnel.

«Je vis bien avec ça. Au fil du temps, on vit avec. On s’habitue aussi. Une fois rendu à l’âge adulte, on sait comment dealer avec la société qui, heureusement, a évolué.»

Le regard des autres

La société a peut-être évolué, comme l’affirme Christian Lapointe, mais, encore aujourd’hui, il lui est difficile d’ignorer le regard des autres.

«C’est sûr qu’il y a toujours un questionnement. Je ne peux pas sortir de la maison sans me faire regarder et c’est normal, car je m’attends à ça. Mais il y a des matins où ça ne me tente pas, où j’aimerais sortir incognito, mais ça ne se peut pas.»

Ce regard moqueur ou interrogatif des autres, bien qu’il s’y soit habitué à la longue, le bouleverse encore. Et il ne s’en cache pas.

«C’est certain que ça m’affecte! Des jeunes qui rient de moi avec leur gang de chums, c’est sûr que c’est blessant. Mais au contraire, un enfant qui dit à son père ou sa mère de regarder le petit monsieur et qu’on lui explique ma condition, ça, c’est merveilleux!»

Vie professionnelle et personnelle

Christian Lapointe gagne sa vie comme infographiste depuis 25 ans, dont 20 pour la même entreprise. Toutefois, avant de décrocher cet emploi, il a dû trimer dur afin de convaincre les employeurs qu’il pouvait être un atout.

«Quand un employeur nous voit arriver, nous n’avons pas le physique de l’emploi et il nous regarde de haut, en se demandant si nous avons les capacités intellectuelles nécessaires. Nous sommes toujours classés 2es ou 3es et j’ai donc souvent manqué avoir un emploi!» relate celui qui, à 44 ans, est papa d’une petite fille de deux ans et d’un garçon de 5 ans. Alors que la première est une personne de taille régulière, son fils est quant à lui une personne de petite taille, comme son père.

«Ç’a été un choc quand j’ai su, à l’échographie, qu’il avait un retard de croissance. J’ai braillé ma vie! Je transmettais mon bagage génétique à quelqu’un en lui disant de commencer sa vie avec tout ce qui s’en suit. Mais avec le temps, j’ai compris que j’ai eu ma vie et qu’il aura la sienne. Et surtout qu’il m’a moi comme modèle, ce que moi je n’avais pas.»

Christian Lapointe est actif au sein de l’AQPPT (Association québécoise des personnes de petite taille) depuis deux ans et demi. C’est cette dernière qui a fait du mois d’octobre, le Mois du nanisme. Nous en sommes en 2017 à la 5e édition. Pour en apprendre davantage au sujet de cet organisme, il suffit de visiter le [http://aqppt.org].